vendredi 6 mars 2009

Jeunesse : littérature rime avec nature


En matière de littérature jeunesse, l'écologie s'est depuis longtemps invitée et fait même des scores de ventes assez étonnants. Documentaires, albums ou romans : toutes les formes figurent dans les programmations de ce printemps.

La littérature jeunesse n'a pas attendu que l'écologie fasse la "une" des magazines pour se mettre au vert. La liste des documentaires sur le sujet n'a rien à envier à celle des fictions, albums ou romans, et les sorties de ce printemps se comptent sur les doigts d'au moins les deux mains pendant que certains titres, déjà un peu anciens, continuent de faire de jolis scores de vente.

C'est qu'en la matière, l'attente est grande. Chez Nathan, un Kididoc, documentaire pour les 4-8 ans, à paraitre sous peu, s'intitulera Protégeons la planète. Il s'inscrit dans le sillage d'un Dokéo -destiné, lui,aux 8-12 ans- sur le même sujet. "Nous avons eu des demandes de libraires et d'enseignants, pour des documentaires sur ce thème", rappelle-t-on dans cette maison très liée au milieu enseignant. Chez Actes Sud junior, la collection "A petits pas" s'enrichit ce mois-ci d'un quatrième titre sur un point de cette thématique. "Après l'Ecologie à petits pas, paru en 2000 et vendu à 22 000 exemplaires, après un titre dans la même collection sur le développement durable qui, en un an, s'est déjà vendu à 7 000, et un autre sur l'énergie, c'est maintenant Les Poubelles et le recyclage qui a fait un joli démarrage avec 2 700 ventes en un mois", rappelle l'éditrice de documentaires, Isabelle Péhourticq.

Si chez les généralistes le sujet est abordé sans retenue, une petite maison d'édition comme Nord-Sud, créée en 1981, a même fait de ce thème un pivot de sa politique éditoriale. Est-ce parce-que nombre de ses auteurs sont suisses ou allemands et que le siège de cette maison se trouve en Suisse? "Evidemment nos voisins ont été avant nous conscients de l'importance de ce sujet, rappelle-t-on au siège de la succursale française, ce qui explique que, depuis vingt ans, nous avons des héros écolos et défendons un mode de vie en harmonie avec la nature." Le personnage le plus emblématique de ce rapport au monde reste chez eux Justine, la souris. Dès 1997, Justine et la pierre de feu (Emme) proposait une réflexion sur la destruction de la planète. Réédité plusieurs fois, cet album continue de faire réfléchir les plus jeunes lecteurs au pillage organisé des ressources du sous-sol. Plus récemment, un chien, lui aussi écolo, refuse de donner aux hommes des morceaux de Lune, de crainte qu'ils n'abîment ces lieux autant qu'ils ont détruit la Terre : Objectif : la Lune (John A.Roowe). Un éditeur comme Milan a, lui aussi, des livres verts à longueur de catalogue.

Côté presse aussi

Ce marché, qui va de l'album au roman, est d'autant plus large que, si tous les jeunes lecteurs s'intéressent au sujet, c'est chacun à sa manière. Directeur adjoint de Play Bac, Jérôme Saltet répond à ces attentes différentes dans les quotidiens que sa maison décline pour les différentes tranches d'âge. "Aux lecteurs du Petit Quotidien, qui ont entre 7 et 10 ans, nous parlons nature et amour de la nature. Mais ces jeunes lecteurs ne s'intéressent pas encore à la sauvegarde de la planète, c'est trop compliqué pour eux, et ils aiment les animaux, les plantes. En revanche, les lecteurs de Mon quotidien, qui ont entre 10 et 13 ans, aiment entrer dans les problématiques très compliquées du développement durable avec un angle citoyen, qui leur donne prise sur leur environnement. Ils apprécient qu'on leur fasse sentir qu'ils ont un rôle à jouer en tant que citoyen."

Une éco-sensibilité qui se tarit ensuite puisque "les lecteurs de L'Actu,qui ont entre 14 et 17 ans, se désintéressent de ce sujet qu'ils estiment trop bébé pour eux", ajoute ce patron de petits journaux généralistes. Quelques romans existent pourtant pour cette tranche d'âge. L'un des plus emblématiques a même connu une jolie saga avant de trouver place dans les rayons. En 1984, l'écrivain Christian Grenier se lance dans l'écriture de ce qui deviendra Ecoland. De péripétie en refus, le manuscrit ne trouve preneur qu'en ... 2000 lorsque Rageot lance "Super cascade", une collection destinée aux grands adolescents.

De même, lorsque Béatrice Decroix, directrice éditoriale de La Martinière jeunesse, souhaite en 2003 traiter du développement durable aux adolescents grâce au livre de photos de Yann Arthus-Bertrand, elle n'a d'autres choix que de placer la notion en sous-titre, le comcept de développement durable n'étant pas assez mûr dans la société pour figurer en titre. Une chose qui nous paraît incroyable aujourd'hui ! Pourtant, ce choix s'est avéré très avisé puisque L'Avenir de la Terre -sous-titré "Le Développement Durable"- s'est vendu à 70 000 exemplaires... "En matière d'écologie, la dramatisation ne sert à rien; les leçons de morale non plus. Mieux vaut tabler sursur l'engagement que l'on peut créer", synthétise Béatrice Decroix. Que cet engagement passe par la photo comme dans Y a-t-il un autre monde possible?, d'Anne Jankéliowitch, chez le même éditeur.

Si l'on regarde côté journaux 100 % écolos, La Hulotte trouve place au côté des Wapiti et autre Wakou de Milan presse, qui, eux, sont surtout proches de la nature. La Hulotte est née en 1972 de l'imagination d'un enseignant qui a été rapidement dépassé par une demande de 800 abonnements en trois mois, et beaucoup plus très rapidement. Au point d'abandonner son métier d'origine. Aujourd'hui, 160 000 jeunes lecteurs lisent ce journal sans pub, qui propse un numéro de téléphone pour les questions de nature.

Article extrait du Monde de l'éducation, juin 2007

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