jeudi 12 mars 2009

Ces auteurs français lus dans le monde entier


La croissance de l'édition jeunesse est restée, l'an passé, supérieure à celle du marché du livre. Aucun titre français ne peut prétendre faire de l'ombre à "Harry Potter" mais nos auteurs s'exportent de plus en plus.






A New York, l'illustrateur alsacien Tomi Ungerer est une star. Comme à Séoul, à Tokyo ou à Prague. Ses plus célèbres albums, Les Trois Brigands ou Le Géant de Zeralda (L'Ecole des loisirs), ont été traduits dans vingt langues.






A Tokyo, Pénélope, l'intrépide petit koala bleu imaginé par Anne Gutman (auteur) et Georg Hallensleben (illustrateur), qui se sont rencontrés à Paris chez Gallimard Jeunesse, est l'objet d'un engoûment au-delà de son jeune électorat. On commercialise des produits dérivés à son effigie pour séduire autant d'enfants que de fans trentenaires ! Ses auteurs ont les honneurs des galeries d'art.



Au coeur de Rome, Daniela, qui, comme tant d'autres ados de 13 ans, "a pris le goût de lire avec Harry Potter", sort de son école avec cette fois, sous le bras, le dernier tome de la trilogie La Quête d'Ewilan (Rageot) de Pierre Bottero, auteur français qui, toutes oeuvres confondues, totalise en quatre ans plus de un millions d'exemplaires vendus. A Amsterdam, Lucie, 15 ans, lectrice de romans, peut, elle aussi, aisément citer un auteur français. Elle a eu "un coup de coeur pour Tobi Lolness de Timothée de Fombelle".




En France, l'édition jeunesse n'est pas prête à être gagnée par la crise. Son succès se construit autour d'auteurs qui sont plébiscités dans notre pays comme à l'étranger.



Le phénomène n'est pas nouveau, Le Petit Prince de Saint-Exupéry, pillier du catalogue de Gallimard, a été "traduit dans 159 langues à raison de 253 éditions officielles répertoriées". C'est toujours l'oeuvre littéraire française la plus traduite et la plus lue dans le monde.


Les aventures de Babar ont fait rêvé des générations d'enfants dans de nombreux pays. Il y a quelques semaines, les dessins de Jean et de Laurent de Brunhoffe ont été exposés à New-York, à The Morgan Library and Museum. Leurs oeuvres originales sont encore visibles à la Bibliothèque nationale de France (BNF) à Paris (avec exposition Babar, Harry Potter et Cie qui se poursuit jusqu'au 11 avril).
Chez les lecteurs un peu plus âgés, c'est la renommée de Michel Tournier ou de Daniel Pennac qui frappe. Ces écrivains, qui se défendent d'écrire pour leur jeunesse mais l'ont si bien cernée, sont admirés sur toute l'Europe.
Aujoiurd'hui, la nouvelle génération de romanciers français qui séduit la jeunesse au-delà de nos frontières est portée par un secteur qui a considérablement évolué. Chez les éditeurs, le poids du secteur jeunesse qui dépassait à peine 7% du chiffre d'affaires en 1994 est passé à 15% en 2007 (526 millions d'euros de CA avec 70 millions de livres vendus).

L'an passé, la croissance des ventes jeunesse est restée supérieure à celle du marché du livre. D'après une étude IPSOS citée par Livres Hebdo, 57,2 millions de volumes ont été vendus d'octobre 2007 à septembre dernier et les ventes du secteur jeunesse ont encore progressé de 5% au troisième trimestre 2008.
Au-delà de ces ventes vertigineuses (24,5 millions d'exemplaires pour le seul marché français), Harry Potter a donné de l'élan à toute la fiction jeunesse, y-compris en France. Il a ouvert la voie à une nouvelle génération de romans-fleuves, présentés en "grand format" (14/22 cm, comme les livres d'adultes). Avec eux, le chiffre d'affaires des éditeurs s'envole : le grand format coûte entre 15 et 20 euros ... quatre fois et demie le prix d'un poche, aujourd'hui en perte de vitesse.
Si le contexte de crise économique entrainera sans doute dans les mois à venir un rééquilibrage, en 2008, le grand format fut toujours plébiscité.


Trop heureux de voir leurs ados lire, les parents ne regarde pas à la dépense. "Selon IPSOS, 69% des ventes de fiction jeunesse ont concerné dans l'année écoulée les grands formats", souligne Livres Hebdo. Jusqu'ici, les best-sellers (20% des titres assurent 80 % des ventes) étaient signés par des auteurs Anglo-Saxons. Mais, depuis 3 ans, l'édition française suscite un regain d'intérêt grâce à l'éclosion d'une nouvelle génération d'auteurs. Certes, la France n'est pas prête a faire jeu égal avec les Anglo-Saxons mais trois auteurs français se sont hissés dans le classement des trentes meilleures ventes jeunesse (de janvier à septembre 2008) établi par IPSOS-Livres Hebdo. Au 18ème rang, Anna Gavalda avec 35 kilos d'espoir (Bayard Jeunesse), un ouvrage jeunesse publié en 2002, qui confirme le succés de l'écrivain français le plus lut au monde. Au 29ème rang, Anne-Marie Desplat-Duc avec Un corsaire nommé Henriette (Flammarion), 7ème volet de sa fameuse saga historique Les colombes du Roi-Soleil (250 000 exemplaires). Enfin, seulement devancé dans ce classement par deux titres - le dernier tome de Harry Potter (Galimard Jeunesse) et La Princesse rebelle (Michel Lafon) de la Québécoise Anne Robillard-, le dernier tome de la trilogie Le Pacte des Marchombres (Rageot) de Pierre Bottero.




Tous les professionnels en conviennent, à la foire du livre de Francfort ou à la foire du livre jeunesse de Bologne, nos éditeurs suscitent désormais un vif intérêt. Aucun titre français ne peut prétendre faire de l'ombre à Harry Potter mais, après des années d'hégémonie Anglo-Saxonne, certains de nos auteurs, lus dans le monde entier, sont courtisés par de grands éditeurs étrangers, qui guettent leurs prochaines publications. "Nous avons découvert, ces derniéres années, de très bons auteurs français. Cette nouvelle génération d'écrivains est porteuse d'un imaginaire bien distinct de celui de la fantasy anglo-saxonne. De jeunes Français comme Timothée de Fombelle, auteur de Tobie Lolness, se distinguent incontestablement par la qualité de leur style", estime Christine Baker directrice éditoriale de Gallimard Jeunesse.





Couronné dès la publication de son premier tome en 2006 par 4 prix profesionnels en France (dont le prix Saint-Exupéry), ce roman évoque les aventures d'un héros d'un millimétre et demi-vivant sur un chêne, qui était à la fois un monde en soi et une allégorie de notre fragile planète.

"Les éditeurs étrangers l'ont vite repéré. Tobie Lolness a été à ce jour traduit dans 22 langues mais, 6 mois après sa sortie, 20 contrats internationaux étaient déjà signés", révèle Anne Bouteloup, responsable de la vente des droits à l'étranger chez Gallimard Jeunesse. En littérature contemporaine, cette maison peut revendiquer quelques autres succès: Erik L'Homme (Le Livre des étoiles, traduit en 28 langues), Jean-Claude Mourlevat (Le Combat d'Hiver, traduit en 13 langues).

Mais, avec 9 prix internationaux pour Tobie Lolness, dont le prestigieux prix néerlandais, Le Crayon d'argent, jamais obtenu par un auteur de fiction Français, Timothée de Fombelle est l'un des plus attendu.



Alors que les Anglo-Saxons publient très peu d'oeuvres françaises traduites (1% de la production en Grande Bretagne, 2% aux USA), Tobie Lolness a eu les honneurs de Walker Books (Grande Bretagne) et de Candlewick (USA), qui ont conçu une couverture différente, en papier recyclé, qui se déplie en carte et est toujours illustré par François Place. Un concept si bien pensé que Gallimard Jeunesse l'a repris pour l'édition intégrale de Tolbie Lolness.










Article tiré de Valeurs Actuelles du 22 au 28 janvier 2008

3 commentaires:

  1. Nous aimerions en savoir davantage sur les bandes dessinées pour enfants? Pensez-vous qu'elles puissent être considérées comme de la littérature jeunesse, ou simplement comme un moyen de divertir les enfants?

    RépondreSupprimer
  2. Les Anglo-saxons sont beaucoup plus productifs et plus imaginatifs en matière de littérature pour la jeunesse. Leurs méthodes d'apprentissage sont différentes. Y aurait-il un rapport entre les 2 ?
    Elisabeth

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour !

    Nous comptons rédiger très prochainement un article sur les bandes dessinées et sur leurs aspects positifs pour les enfants. En effet, ceux-ci sont souvent davantage intéressés par ce type de littérature et ont tendance à "bouder" les romans.

    Patience, notre article arrive !

    RépondreSupprimer